J1 – The A-Team

Après un p’tit déj’ de champions, composé à 80% de muffins au chocolat, l’équipage nous ouvre enfin les portes des garages. Les motards s’égaillent dans le bateau comme une nuée de pigeons, pendant que Némo et moi fonçons vers notre destrier.

Pas encore au maroc, et déjà bloqué derrière un Parisien. Ça promet!
Pas encore au maroc, et déjà bloqué derrière un Parisien. Ça promet!

Nous débarquons et posons les roues en Afrique. Pas longtemps, car la file d’attente à la douane est vite atteinte. Une caravane de minibus dépassant largement leur PTAC bloque le guichet principal. Le douanier qui va devoir fouiller ça a du boulot assuré jusqu’à la fin de la journée!

On nous fait signe d’aller dans une file à part. Je rappelle que notre véhicule contient:

  • assez de bière pour ouvrir une franchise de “la Taverne de Maître Kanter”
  • des groseilles à la gnôle, donc la classification comme arme chimique est débattue depuis Juillet 2017 au parlement Européen
  • un talkie-walkie pour discuter avec l’autre 4×4 (ou plus probablement se chambrer durant tout le voyage)
  • un drone caché au fond du 4×4 par Akim
  • une hache, un pied de biche de 1 mètre de long, et d’autres objets contondants

Le douanier, s’approche, et jette un œil à travers ma fenêtre, sur le talkie qui pend accroché au rétroviseur.

– Vous avez des toki wookie? Des drones? Des pistoulé?
– Non pas de pistoulé, Monsieur!

Techniquement, je n’ai pas menti: tout est dans la position de la virgule dans la phrase.

Le douanier jette un dernier coup d’œil au talkie, sourit, et nous laisse passer. Nous voilà donc sur le territoire Marocain avec notre cargaison de contrebande…

Ah bah voilà! J'adore quand un plan se déroule sans accroc!

Nous sentant aussi invincibles qu’Henry de Monfreid et Han Solo réunis, les ZZ Top et nous allons attendre les motards, à la sortie du port. La zone bourdonne d’activité:

  • bars et restaus proposent le premier thé à la menthe pour ceux qui arrivent, ou le dernier pour ceux qui repartent
  • des gars se baladent en criant “dirhams! euros!” et essaient d’attirer le touriste en proposant le meilleur taux de change du pays
  • des hordes de touristes s’agglutinent devant les distributeurs d’argent, au point de les faire planter en moins de 30 minutes

Un bruit de moto enfle au loin. Je suis en train de bricoler quelque chose sur le 4×4, donc je ne vois pas si c’est les notres.

– nos motos arrivent? je demande à Némo
– non, ce sont des handicapés, sur des motos trois roues! me répond-elle
– Némo, moi non plus, je n’aime pas les blaireaux qui roulent en scooter MP3, mais quand même, les traiter d’handicapés, ça craint!
– mais non, triple buse, ce sont de VRAIS handicapés!

Je sors du 4×4 regarder, et en effet, nous voyons une douzaine de trikes rutilants, sur lesquels les pilotes handicapés sont installés. Leur fauteuil roulant est harnaché sur le côté du trike. Ils vont affronter les routes marocaines. Respect!

Les motos de notre groupe commencent à arriver. Pendant qu’on les attend, on commence à voir des trouzaines de 4×4 équippés raid débarquer, et embouteiller les rues. Nous avions débarqués quasiment les premiers. Il va falloir reprendre la pole position! On remplit tous les réservoirs, on va chercher des cartes GSM marocaines, et gaaaaz!

Hélas, même pas 5 kilomètres plus loin, l’équipe d’aventuriers fait la première pause. La Triumph de Basti fait un bruit bizarre, et en regardant, on voit que Basti a mal remonté ses plaquettes il y a 2 jours chez TiTi. La plaquette sort de son logement, et a entaillé le moyeu arrière sur un bon demi centimètre de profondeur!

On avait déjà débarqué avec 5 heures de retard, là, c’est plus une mission pour la A-Team, il va carrément falloir appeler Jim Phelps.

Pendant qu’on répare, j’ajuste le tracé, on shunte la piste pour aujourd’hui. Je réserve via booking une piaule à Debdou. Pas le choix, il faut y être ce soir! On finit de grignoter, et gaaz!

Mais les motards partent devant, et dans la mauvaise direction… Dans la voiture, le regard ahuri de Némo va des deux GPS montrant qu’on va dans la mauvaise direction, aux motos fonçant à l’horizon.

– Mais bordel! ils savent pas lire une carte, pourquoi ils partent devant?

Une fois les motos rattrapées au feu rouge, on reprend le bon chemin, et on finit par sortir de Nador.

Le trajet sur la route est sans grand intérêt. Nous sommes au Nord du Maroc, chaque village traversé est en construction, et entouré d’un océan de poubelles éparpillées par les vents.

Plus au Sud, le paysage commence à se dégager. On aperçoit des montagnes et des pistes au loin, mais ça ne sera pas pour aujourd’hui!

Dans ce paysage monochrome, les seuls éclats de couleur sont la flore qui explose de vie à proximité du moindre cours d’eau, et les écoles, dont les bâtiments sont peints de couleurs enfantines.

Arrivés à Debdou, les motos montent vers le gîte que nous avons réservé, à travers une ruelle étroite. Les ZZ Top et nous devons nous garer sur la place du village.

La pension est très bien. Des photos anciennes montrent le village de Debdou il y a 100 ans. A l’époque, une grande communauté juive y vivait.

L’hôte et sa famille nous reçoivent comme des rois. Thé, puis couscous, puis encore thé.

Akim et moi avons quelques doutes sur la journée du lendemain. C’est la plus longue journée du voyage, et une grosse partie de la journée est une piste qu’on a tracé à partir d’images satellites. Nous n’avons aucune idée de ce qui nous attend. Mais nous nous doutons fortement que ça risque de terminer en bivouac sauvage quelque part sur le plateau du Rekkam.

Un groupe de vieux motards est arrivé après nous. Ils roulent sur des motos plus légères. Ils commencent à s’installer dans les chambres à côté des nôtres, puis finalement, repartent. L’hôte les a installé dans une seconde maison.

Après le repas du soir, je discute plans, routes, hébergements à Matarka avec eux. Le gars semble connaître quasiment toutes les pistes du Maroc, mais quand je lui montre ce qu’on a prévu sur la carte pour demain, il écarquille les yeux:

– Oula! C’est ambitieux ça, en une journée. Surtout avec la pluie qui arrive! Vous avez regardé la météo?

Et en effet, mon appli météo nous dit que demain, il va tomber des cordes.

Maroc 2018 – La carte est là

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