Le 7 Août, on se réveille donc de la tente, et bizarrement,
- il fait beau
- les tentes sont sèches
- je n’ai pas à utiliser le réchaud car le camping dispose d’un espace cuisine
- j’ai un mail de l’hôtel auquel on devait aller hier qui me dit que “pas de problème, j’ai qu’à venir dans 2 jours, ils transfèrent ma réservation”
Ca fait beaucoup de points karma positifs… Comme dirait un jeune fermier de ma connaissance
On potasse donc le bouquin sur les Féroé pris dans le Norröna, on discute avec 2 couples de français en Ford Ranger pick-up sans cellule, très sympas, qu’on va croiser quelques fois dans le voyage. On va les appeler “les jeunes”
On discute aussi avec deux couples de personnes plus âgées, en Nissan Patrol avec tentes Baroud sur le toit, qu’on appellera “les vieux”
Les jeunes et les vieux se barrent, on sait pas trop par où commencer. On est lundi, donc on décide d’aller voir des macareux, car en Féroèse, ça se dit “Lundì”. Vous admirerez la logique époustouflante de cette planification digne d’un plan quinquennal Stalinien
On roule donc jusqu’à trouver un premier tunnel entre les îles, tunnel apparemment payant, mais impossible de comprendre combien tu va payer, ni quand, ni comment.
On s’arrête au supermarché du coin, une chaîne appelée “Bonus”, et c’est notre premier contact avec la gastronomie Islando-Féroèse:
- on trouve du fromage de type “plastique” ou “cheddar”
- c’est assez cher (on s’y attendait)
- il y a assez peu de plats à base de poisson disponible (WTF???)
- on trouve très peu de plats cuisinés en boite
- on trouve de la viande en boîte de type Corned-beef, appelée “Jaka”
- on trouve du poisson en tube, appelé “Kaviar”
Oui, du poisson en tube. Un peu comme si tu trouvais des huîtres en spray…
En sortant, on tombe sur “les vieux” qui viennent faire leurs courses ici aussi.
On va bouffer tranquille face à la mer, sur un banc public. Et force est d’avouer que la viande en boite, le fromage en plastique, et le poisson en tube, c’est pas si dégueulasse que ça.
On est entourés de mouettes qui regardent notre Jaka et notre Kaviar avec intérêt. On voit une autochtone sortir de chez elle et filer à bouffer aux mouettes, donc les schtroumpfs décident de faire pareil. Ils sont rapidement entourés de mouettes qui se jettent sur la bouffe en vol, au sol, en faisant des loopings façon “Top-Gun”. Quelques minutes plus tard, on voit débouler un oiseau un poil plus petit, et qui vient maraver la gueule des mouettes pour leur piquer la bouffe. Il est plus foncé, il a un cri bizarre, je l’ai donc appelé le Cracoucass
On traverse l’île pour aller prendre le ferry qui va sur l’île de Mikines qui est LE spot pour observer les macareux. Mais quand on arrive sur place, le seul ferry dispo est à 11h du matin. 1 bateau par jour, ce service est clairement opéré par la Poste, ou la DDE, voire les deux.
Pas grave on reviendra demain. On va donc faire une rando le long d’une curiosité géologique.
En gros, tu pars faire ta rando, le long d’un Fjord, avec la mer au bout:
Le paysage est parcouru par un nombre de moutons au moins équivalent à celui des bipèdes.
Puis lorsque tu t’approche de l’extrémité, après quelques kilomètres, tu remarque que le Fjord est fermé au bout, avant d’arriver à la mer. Bizarre, non?
Alors tu grimpes un peu sur la montagne, pour essayer d’avoir un peu plus de perspective, et là:
LA NATURE A FAIT UN LAC 40 MÈTRES AU DESSUS DE LA MER, ET 10 MÈTRES À COTÉ
Là, ça calme, le paysage est a tomber sur le cul. Enfin quand je dis à tomber, tu fais quand même un peu attention, car si tu tombes, ben…
On redescend pour essayer de comprendre le phénomène, et on voit le lac se déverser dans la mer, par une petite cascade.
La nature vient sans doute de nous montrer la plus grosse piscine à débordement qui soit.
La côte ouest des Féroé est déchiquetée par les vents et l’océan.
On rentre doucement, non sans envier ceux qui ont eu la présence d’esprit de poser leur bivouac ici hier soir:
Les schtroumpfs et nous avons crapahuté une dizaine de kilomètres. Pour des non-sportifs comme nous, c’est un exploit. Ma femme a suivi un autre sentier de rando. On s’en fout, c’est nous qui avons l’eau, et les clés de la voiture
Je la rejoint à la voiture, et on tombe sur “les vieux”, qui nous expliquent que “ici c’est joli vous allez voir”. T’es gentil, papy, mais on vient déjà de faire le tour…
On rentre vers une auberge de jeunesse, où le gestionnaire nous explique que comme on est 4, il nous a filé une chambre rien que pour nous, si ça nous dérange pas. Je pense qu’on a un crédit Karma très positif aujourd’hui. J’ai un peu peur de l’addition quand elle va arriver.
On croise “Les vieux”, qui viennent dormir sur le parking de l’auberge, dans leur tentes de toit. En discutant le soir, un d’entre eux me dit
ah les macareux! mais si vous nous suivez, vous allez forcément en voir
Je me retiens de lui faire remarquer que depuis 24 heures, c’est eux qui me suivent et pas l’inverse, et qu’il faudrait pas trop la jouer “je connais tous les chemins de mon pays”. Mais l’envie me titille quand même un peu.
On cherche un endroit où bouffer des fish & chips. Pas de bol, le seul “restau” sur cette île est un fast food. On y mange des burgers, des hot dogs et des pizzas. Pas grave, on se dit qu’on trouvera de la vraie bouffe féroèse demain… Ah la naïveté du débutant…
T’as raison ,avec les vieux , faut pas se laisser faire !!