Ayé, enfin, j’ai les tétines sur un autre continent (toi le gros dégueu qui commence à se tripoter au fond, tu arrêtes ça tout de suite!)
On débarque en avance, on passe les contrôles qui prennent bien 1h30, et hop, on est au Maroc.
Après un passage express dans une boutique pour acheter des téléphones Marocains et s’échanger les numéros, direction l’autoroute, pour 400 bornes.
Là je sais pas pourquoi, les autres ont senti que ma mobylette n’était pas dans son élément à 120 sur l’autoroute. Quelque chose dans son mouvement rythmique latéral, je sais pas. Après la pause bouffe et un gonflage des pneus à 2,5 bars au lieu de 2, ça allait un peu mieux, mais c’était toujours pas ça.
“Pas grave,” je me dis, “elle sera plus à l’aise sur la piste”. Mais quelle buse je fais! 
Au bout de l’autoroute, on sort 10 mètres après la sortie prévue sur la trace pour aller à la station, et là, Maître Orignal nous dit
– bon ben il y a un bout de piste pour rejoindre la trace GPS, c’est par là
On prends donc la piste, pendant, oh, facilement 500 mètres. Jusqu’à un beau banc de sable bien planqué en sortie de virage.
- Caribou sur son tank autrichien a à peine le temps de dire “tiens, du sable”.
- Loulou35, dans sa binarité de la poignée passe en force et en Holiday on Ice.
- Votre serviteur, LilYoda rentre à 40km/h dans le banc de sable, et ma moto (baptisée “La Jeanne”, pour ceux qui savent pas) décide qu’elle est bien, là, et que sa roue avant va y rester quelques minutes.
Ma moto et moi même effectuons un splendide soleil avant autour de la roue. Je vais me maraver la gueule dans le sable 4 mètres plus loin, et quand je me relève, la première chose que je remarque, c’est mon bocal de maître cylindre de frein qui est beaucoup plus loin de la moto que la durite d’origine ne le permet.
J’ai longuement regardé ma moto, et j’ai lâché:
et m…e, c’est fini pour moi, là!
(je n’avais pas encore été exposé aux trésors d’ingéniosités de nos amis marocains)
Bilan: les deux rétros ont été sectionnés à la base, la bulle avant est pulvérisée, toute la fixation des compteurs et du phare sont tordus. La bécane en écrasant la tête de fourche a grillé quelque chose électrique, plus un gramme de jus. Ça sent pas bon. Midi134 fait voiture balai, et va prévenir ceux de devant qu’on va avoir un chouia de délai.
Voilà, donc 500 mètres après le début des pistes, j’ai sorti la trousse à outils pour la première fois, et j’ai fais ma première réparation (avec débogage du circuit électrique au voltmètre, non mais)
Voilà à quoi ressemblait l’avant de ma moto. La photo a été prise le dernier jour du voyage. Je l’ai gardée ainsi, sans réparations pendant des mois après mon retour. Ça faisait baroudeur.
On repart avec 45 minutes de retard, et on rejoint les autres là où la piste croise la route. Maître Élan nous dit
– C’est bon, c’est tout droit
Euh ouais, mais devant il y a encore du sable. D’ailleurs Zoom33 est en train d’en tartiner les flancs de sa moto. Cool, j’aurais pas été le seul à poser ma brèle par terre aujourd’hui 
Bon on essaie quand même. Et là. Là, les amis… Une boucherie! Omaha Beach, sans les canons.
La caravane a commencé à s’étirer, je roulais en première, et là je vois Zoom & Maître Élan passer une crête devant moi, et personne derrière. Je coupe le moteur, et je vois Bil me rejoindre péniblement dans ce foutoir sableux.
On appelle ceux qui étaient supposés être derrière qui nous disent que le vieux est vieux, et que sa maîtrise du sable ne l’empêchent pas d’être fatigué, donc ils rejoignent la route comme ils peuvent. M’en fout, j’ai la trace GPS, Bil et moi on tente de couper vers la trace. Jusqu’à ce que Bil me dise
– Hé, ça a l’air plus tassé le sable par là bas!
Bon OK, mais c’est pas la direction. Sans mentir, Bil et moi avons mis 2 heures à parcourir 7 kilomètres. Alors qu’à vol d’oiseau, je pense qu’on avait quitté l’autoroute depuis moins de 15 kilomètres. Soudain, les 2600 kilomètres de parcours prévu nous paraissent loooooooooooongs!
Après cet enfer, on se pose à la ville suivante, il est déjà 17h, ça me semble mort pour Khenifra, vu qu’on est encore à plus de 200 bornes.
On voit Akim, Loulou et Midi134 arriver, vannés, et je me pose avec le fumeur et le vieux pendant que Bil et Loulou vont chercher de quoi réparer mon frein avant et mes rétros.
On finit par rejoindre Zoom et Maître Élan à Khemisset, où ils ont trouvé un hôtel. Premier jour: on a une bécane blessée, moi j’ai la hanche droite qui fait une grosse douleur et grince plus qu’un matelas d’hôtel formule 1, 250 bornes de retard, et demain 3 ou 4 bonnes heures de mécanique qui nous attendent.
Pas grave, on se pète de rite quand même au repas, surtout quand Zoom33 demande au serveur une bouteille du vin National, du Boulaouane Gris. Bordel, rien qu’en repensant à la tête du serveur, j’en pleure encore de rire.
