Je vous ai glissé que je chante. Vous avez vu que j’ai les cheveux long. Et la journée du 10 Octobre a été un peu spéciale pour moi, car je l’ai passée en solo. Seul, dans un pays dont je ne parle pas la langue.

Cet épisode s’appelle donc logiquement:

Toi, le dégueu qui vient de descendre ta main vers ton pantalon, sache que oui, je ressemble à la photo, mais avec la barbe!

Donc le 10 Octobre, après une nuit passée à tousser comme un tuberculeux, je me réveille épuisé. Je laisse les autres partir par la piste. Moi j’ai décidé de descendre vers Zagora par la route, et me faire la vallée du Draa tranquille!

Je me moque copieusement d’Akim & Maître Orignal qui ont fait nettoyer leur moto hier. On dirait qu’elles sont neuves! Je les regarde tous partir, vais prendre ma douche tranquille, chargement, et zou! Route!

Je ne peux pas dire à quel point les autres ont vu de beaux paysages par la piste. Je peux juste vous dire que si la vallée du Draa est belle, la route entre N’Kob et la vallée du Draa est, elle, sublime. Il n’y roule quasiment personne, ce ne sont pas que des lignes droites gonflantes, il y a des oasis de verdures éparses ici et là. J’en ai pris plein les yeux.

Arrivé à Zagora vers 11h du matin, je me pose à la station service disant qu’il y a du Wi-Fi. J’ai le temps, j’en profite pour écrire quelques emails à la famille, avec un café, à la terrasse du boui-boui à côté de la station.

Débarque un gars qui regarde ma meule, et me dit

– c’est une Suzuki?
– Non
– Une Kawasaki?
– Non
– Une Honda?
– Non plus
– C’est quoi?
– Une Yamaha
– Super, je travaille dans un garage spécialisé dans Yamaha

Mouarf, heureusement que tu es spécialisé dans la marque. Certes ma meule a été modifiée, mais bon, j’ai encore le marquage Yamaha gravé dans le carter d’embrayage

-Tu as besoin d’un garage pour ta Yamaha?

Là je réfléchis deux secondes, je pense à la meule de Loulou35, et réponds

– Moi non, mais montre moi ton garage, je vais peut être te trouver un client

Le gars m’amène à un garage qui est apparemment une référence, à Zagora: “Momo” Gordito.

J’arrive sur place, un minot me propose de laver ma moto, je le regarde avec des yeux horrifiés en lui demandant pourquoi j’enlèverai toutes ces belles marques de piste, de boue, de crash. Il repart en se disant probablement “ils sont fous ces français”

Je fais le tour du garage, qui a l’air sérieux, et travaille sur de beaux véhicules. Un des sbires de Momo Gordito me demande où sont les clients, je lui dit qu’ils sont 6, et ont pris la piste ce matin. Il y a un gars en Yamaha Super Ténéré qui a des problèmes, et je l’amène ici quand il arrive, promis. Je note la position du garage dans le GPS.

En partant, le gars me dit

– on va envoyer une voiture pour les chercher, au cas où

Mais oui, bien sûr, tu va lancer un 4×4 au pif dans le désert, pour aller chercher des gars que tu n’a jamais vu. Comme ils disent dans la cité de la peur:

Je pars donc chercher le point de rendez vous “Chez Souad”. Un petit restau snack appellé “Snacki”. Si vous demandez, elle peut vous faire des plats élaborés comme couscous ou tajine, c’est bon et c’est pas cher. Très bonne adresse, allez, je vous la donne: 30°19’50.40″N 5°50’11.76″W

Après 2h à attendre les autres, j’en ai marre, je demande à Souad si elle connaît un hôtel, max 250 dirhams par tête la nuit. Elle me dit que ça fait très peu pour Zagora, mais elle m’envoie voir un hôtel un peu plus loin, avec son mari qui me guide.

Au moment de partir, je vois un des sbires de Gordito qui débarque en trombe sur une mobylette.

– On a trouvé tes amis, ils rentrent! me hurle-t-il au passage

Mais ouais, on l’a dit:

Sur la route de l’hôtel, je croise Loulou et Akim qui me font des signes, mais pas le temps, je les retrouverai après.

J’arrive au “Palais Asma”, sorte de grand hôtel à touristes 5* à la sortie de Zagora, et un gars qu’on aurait qualifié de SdF en France m’explique que c’est son hôtel, et commence à discuter le prix. Il me dit que ça coûte 300 dirhams la nuit, on s’engueule, je lui dit que je n’ai pas autorité à accepter un prix si élevé, etc… que j’ai un mandat de négo donné par les 6 autres motards entre 150 et 180, qu’hier on a dormi dans un palace à N’Kob pour 130 la nuit, bref, on se met d’accord à 200, ce qui était ma limite supérieure

En partant, le gars me raccompagne à la moto, et il me dit

– tu sais, moi j’aime bien aider les hippies comme toi, qui partent dans le désert sans argent

J’ai essayé de ne pas rigoler. Heureusement que je suis venu négocier seul avec ma XT600 dégueulasse à l’avant défoncé. Avec une KTM et une SuperT comme neuves dans le parking, on aurait eu plus de mal à passer pour des hippies pauvres.

Je retourne vers Zagora, me fait intercepter encore par un sbire de Gordito, qui me dit que mes amis sont chez lui. Non mais il se fout de moi ou quoi? Je trace vers Gordito, et là, je trouve Akim et Loulou, avec leurs motos à l’atelier, et Akim qui me dit

– c’est toi qui a envoyé un 4×4 d’assistance?

Rooooh, les cons! Ils sont réellement allé chercher les autres dans le désert en 4×4. Et gratos en plus. J’aurais pas parié un chewing gum usagé là dessus. Si vous cherchez un garage qui envoie du steack à Zagora: Mohamed Gordito 30°20’23.99″N 5°50’13.28″W

Après un 3^ème nettoyage de carbu de la mob à Loulou, et une réparation de fortune de son Akrapovic écrasé et troué, les autres qui se sont arrêtés bouffer chez Souad nous rejoignent chez Gordito.

On repart tous vers l’hôtel avec un autocollant “Momo Gordito” dans la sacoche. La piscine et la bière nous appellent.

Le soir, on retourne bouffer dans Zagora. J’ai bu 4 ou 5 bières, pas très sage de rouler. Je monte derrière Loulou35 sur sa brèle. C’est en fait la première fois depuis le début du parcours que qui que ce soit d’autre que Loulou monte sur sa moto. Sur le trajet vers le centre de Zagora, je trouve en effet un comportement bizarre à sa brèle, mais j’arrive pas à mettre clairement le doigt dessus.

Attablés au restau, on recroise les femmes des couples au 4×4 vus la veille à N’Kob. Un des hommes n’a pas réussi à sortir du lit tellement il est malade.

Au retour, je remonte derrière loulou, et là j’essaie de faire attention à sa brèle. Je le fais mettre en sous régime, en côte

– mets les gaz à fond! je lui crie

La SuperT 750 commence à prendre les gaz difficilement, et là d’un coup, le régime moteur s’emballe à 6000 rpm, sans que la roue soit en prise. Verdict sans appel, l’embrayage patine à mort!

Bordel de m…e. On avait bien remarqué lors de sa chute qu’il y avait peu de garde à l’embrayage. Rentré à l’hôtel, on bricole sa mob dans le noir pour essayer de relâcher l’embrayage au maximum. On arrive a obtenir un demi millimètre de course libre au levier. Il va tester, et plus aucun problème.

Ça fait juste 3 jours qu’à chaque accélération, son embrayage patine comme s’il tirait légèrement sur la poignée. Et globalement, Ça fait juste 1000 bornes qu’il roule comme çà sans aucune garde à l’embrayage, depuis qu’il l’a faite réviser chez Yam’! Son embrayage a du salement s’user, mais la grande question c’est:

Jusqu’à quand il va tenir, cet embrayage?

Maroc 2015 – La trace est là