Oct. 13 & 14: Pssshhhhiiitt, Rondelle & P’tits Sablés

Oct. 13 & 14: Pssshhhhiiitt, Rondelle & P'tits Sablés

13 Octobre:

J’aurai aussi pu l’appeler “Le jour le plus long”

On a pris cher toute la nuit, le vent n’a pas cessé, et pourtant quelle bonne nuit ! Réveil au petit matin avant le soleil, le temps de ranger le campement et nous retournons à l’auberge prendre notre petit déj’. Je me contente d’une tasse de chocolat chaud et d’un quart de crêpe, sûrement parce que LilYoda n’est pas là, je n’ai plus ce petit plaisir de lui manger son ptit déj’.

Devant notre campement la piste invite fortement à mettre du gaz !

Dans le doute, on ne regonfle pas les pneus, le fech-fech n’est pas loin ! D’ailleurs Nabil prend sa première pelle du voyage, il n’est jamais trop tard.

On contourne au maximum le fech-fech en cherchant les parties sombres (avec quelques caillasses bien tranchantes, humm…), puis on rejoint le tout-plat tout-sec, sorte de billard de sable dur qui mène à Tafraoute. Pas de photos de ce passage, seulement des videos, mais on s’est fait plaisir !

Petite pause à Tafraoute, William et Seb remettent 5L d’essence en bidon, puis on prend un thé à l’auberge à côté. Oui, on a fait 7km depuis le petit déj’, mais vu la gueule de la piste je ne sais pas quand on pourra en boire… J’en profite pour négocier les kilomètres de sable avec l’aubergiste et la piste à prendre. Ma trace emprunte la piste au nord pour éviter au max le fech-fech. L’aubergiste me conseille la piste plein Est, plus rapide, pas de sable, car celle au nord est empruntée par les camions qui bossent à la mine. OK, on regonfle et va pour la piste plein Est. Ou plutôt LES pistes, yen a dans tous les sens.

Le paysage, pour changer, est juste magnifique. Ces dunes avec cette caillasse, les parois rocheuses sur les flancs, on en prend plein les yeux.

Même si la piste est un peu beaucoup casse-gueule par endroit, Nabil est à l’aise sous son casque

On a fait 8/10km depuis Tafraoute, on n’a croisé personne, mais notre belge ralentit devant moi, car sensation bizarre de l’avant… Eh allez, 2e crevaison du voyage. Mais fort heureusement, on avait prévu le coup la veille à Oumjrane avant la séparation du groupe, pas cons eh ! LilYoda m’a filé ses 3 démonte-pneus, vu que Karim + LilYoda + Papy pas là ça faisait 3 mécanos et leurs outils pas là. No stress donc, on sort les outils, les démonte-pneus et Nabil cherche sa clé Allen de 14 pour démonter l’axe de roue avant…

Je ne me souviens plus des dialogues mais c’était un peu ça:

Nabil: “J’trouve pas ma clé de 14”
Caribou: “T’as pas ta clé de 14 ?”
Nabil en nage: “Non je la trouve pas !!”
Caribou: “… t’as pas ta clé de 14 ???”
Nabil: “non j’ai pas vérifié je pensais que c’était dans le kit Yamaha”
Caribou: “ok mais… tu me dis que t’as pas ta clé de 14 pour démonter ton axe !!?”

En fait j’ai essayé de négocier comme avec les marocains, des fois que ça lui file une clé de 14 sortie de nulle part. Mais non, pas de clé Allen de 14, et nous autres non plus. OK ! William fait une exception à sa promesse, et je l’accompagne pour retourner à Tafraoute chercher la dite-clé, Seb et Nabil restent à l’ombre de leur bécane. Vu le temps qu’on a mis à passer cette partie chiante + le temps de trouver l’outil, yen a bien pour 1h alors autant se mettre bien.

On fait à peine 2km qu’un marocain-ninja en mob’ sort de nulle part. On lui explique notre problème, il nous invite à son auberge juste à côté, auberge qu’on n’a pas du tout remarquée à l’aller. Vue satellite.

Accueil extra, ce sont deux frères qui tiennent l’auberge, ici au milieu de rien. L’aîné, en béquille suite à un grave accident de mob, nous propose un thé maison (très très bon! il m’a montré comment il faisait  ). On lui explique quel outil il nous faut, la taille, son frère part sur sa mob à Tafraoute pour chercher ça. 30 bonnes minutes plus tard, il revient avec 4 outils différents, mais aucun ne correspond. On lui réexplique le type d’outil, et la taille (environ le ptit doigt), son aîné lui dit de prendre toutes les tailles qu’il faut comme ça on est tranquille. Il repart. Re-30 min et le voilà enfin qui revient avec tout ce qu’il a pu trouver au village… mais idem, tjr pas la foutue clé de 14

Il part voir Nabil et Seb histoire de bien voir la gueule de l’axe de roue. 20min plus tard, qui voilà: Seb en bécane… et Nabil en pick-up

Le gars passait dans le coin, n’avait pas franchement envie de ramasser la 660, mais apparemment il a fini par accepter. Le temps de boire notre 6 ou 7e thé de la journée, et Nabil repart pour Tafraoute avec le proprio du pickup et l’aîné. Seb, William et moi: sieste dans le salon, une bonne heure facile

Nabil est de retour en bécane, fatigué et un peu énervé d’avoir perdu 2h30 pour une clé à-la-con. Il s’empresse de nous raconter comment ils ont réparé. Le garagiste n’avait pas de clé de 14… Pas grave, il en a fabriqué une avec un boulon de 14 sondé à une tige en fer. Je n’ai pas la photo de la clé mais ça vaut le détour ! Sa trousse Yam est complète maintenant !

Au passage, la raison de la crevaison ? Un clou….. au milieu du désert…

Je discute avec l’aubergiste sur l’état de la piste. Il me parle d’un oued très difficile même en 4×4, qui descend du nord au sud en coupant les montagnes: ce coup-ci, impossible de l’éviter en longeant la montagne. Il propose que son frère nous guide jusqu’à Ramlia sur sa mob, il sait où passer dans l’Oued pour éviter le sable. Ouaaaiiii on me l’a déjà fait ce coup-là, mais vu le retard pris et notre extrême performance dans le sable: “top’ là mon gars !”.

On file 300/400 dirhams au pick-up et à l’aubergiste (vraiment extra comme mec) pour leur aide et leur accueil, et nous voilà repartis. Le guide roule au bon rythme, sans nous larguer, nickel. Quelques passages délicats mais on suit. Puis il bifurque sur le versant de la montagne au Nord pour rejoindre la vallée de l’autre côté… là où j’avais prévu depuis le départ de passer.

C’est plus facile de l’autre côté, ici vous ne passerez pas l’oued

200m de fech-fech sépare les 2 vallées, mais déjà 500m avant on s’ensable les uns après les autres (ndr: on n’avait toujours pas dégonflé, aussi). Un 4×4 déboule du fond de notre vallée dans l’autre sens, des français installés au Maroc avec un guide professionnel à l’arrière du 4×4. Ils confirment: dans notre vallée, plus loin, l’oued est très difficile à passer, pas à cause de la flotte mais à cause du sable. Tiens donc !

On dégonfle, on relève 1 ou 2 fois la yam de Nabil, et celle de Seb. Will passe nickel, va faire un peu de reco à pied et revient en disant qu’après c’est du roulant. Il coach Nabil (en gros: “mets du gaz bordel ! coupe pas !”), et nous passons le fech-fech “tranquille”, sans aucun style mais “tranquille”.

Le roulant

De loin, je vois William qui fait demi-tour pour aider Seb qui a encore goûté au sable… le Seb que je vois relever sa bécane, trop fort, elle retombe de l’autre côté blaaamm. Et là, je le vois littéralement sauter à pieds joints dessus, enlever son casque (comprendre le lancer par terre), et balancer ses gants sur la Yam. Son réservoir s’en souvient encore

Petite pause

Quelques kilomètres et pelles plus loin, on attaque notre challenge du jour: l’oued ed Douara. Ma trace contourne au maximum vers le sud pour couper là où l’oued est censé être le moins large; notre guide préfère couper droit devant, et nous rassure qu’il n’y a “pas trop de sable”

Oui mais combien de kilomètres ?

Il me montre “1” du doigt.

1km ??? ok … (fous toi de moi )

5min plus tard, on croise un marocain en pickup qui sort de l’oued. Je lui demande combien de kilomètres de sable:

20 km !! Difficile avec vos motos et il y a de l’eau !… Ahh ah ah ah ah ahhhah

Ce qui devait arriver arriva. On laboure péniblement 10km de sable, pile à la moitié de la traversée d’Omaha Beach, et je vois Seb devant moi qui tartine la poignée de gaz mais sa roue arrière qui ne mouline pas……  L’embrayage est encore fumé.

On a bien passé 1h à tenter différentes solutions. Changer le câble d’embrayage, virer la vis de réglage de tension à la poignée, virer l’écrou de butée en bas et le remplacer par un collier (j’y connais rien en mécanique désolé ), rien n’y fait. Le câble ne se relâche pas suffisamment à cause de la butée trop courte (oui vous comprenez rien à mes explications). Il est 17h passé. On envisage même de virer le câble complètement, de le lancer en 2e et qu’il ne s’arrête pas, c’est dire  Le Seb veut abandonner là, appeler son assistance et rentrer, basta, terminé, marre.

Petite idée, je suggère de remplacer l’écrou de butée (vu qu’il est réglé au maximum, il est inutile) par une rondelle moins épaisse. Seb sort son bordel de pièces en tout genre et trouve une rondelle pile poil aux bonnes dimensions, 3mm moins épaisse que l’écrou. Ultime tentative, on n’y crois pas mais inch’allah… Il démarre, et Ô miracle: la roue arrière laboure le sable !! Tout le monde en selle, on ne sait pas combien de temps ça tiendra, et il ne faut pas qu’il s’arrête et qu’il évite de jouer avec l’embrayage ! On finit de traverser l’oued comme ça en suivant notre guide et Seb qui lui colle au cul, guide qui prend un malin plaisir à zigzaguer dans tous les sens, à croire qu’il veut nous semer ici.

Ramlia, enfin. 400 dirhams pour notre guide, bien payé mais mérité vu le temps passé. Pause, et l’espoir revient. Bêtement on croit encore pouvoir rallier Merzouga ou presque pour ce soir. Mais le soleil tombe déjà…

Je passe en tête en suivant ma trace, ça roule super bien 98% du temps, et sable-sadique les 2% restant. Je guette mes rétros pour savoir si ça suit. Et généralement quand je vois une lumière de phare et 2 feux rouges, c’est que Seb s’est encore planté. Nabil et Will vont l’aider, je suis loin, donc… photos

On devine les feux rouges et le phare, au loin
On devine les feux rouges et le phare, au loin

Bon… ils mettent du temps là. Je coupe le moteur… allez ya un soucis, demi-tour ! Seb s’en est pris une bonne sur un petit passage sableux, la faute à la fatigue et sa bécane trop chargée. Mais ce coup-ci il ne saute pas à pieds joints sur sa Yam car épaule déboîtée ! Il se contentera d’y foutre un coup de latte, pour le geste.

La nuit tombe vitesse grand V, l’auberge qu’on a croisé est à 5km en arrière avec une belle montée en sable mou, la prochaine ville est à 12km en avant, c’est mort on décide à la majorité de planter le campement ici (Nabil aurait préféré l’auberge pour y manger, vu qu’il n’a rien englouti depuis le matin). De toute façon Seb ne peut plus tenir le guidon avec son épaule. Nabil préfère dormir à la belle étoile au pied de sa bécane, la flemme de monter sa tente, en poussant un dernier “au point où j’en suis !”. En guise de traitement médical, Whisky et Ricard que Seb se trimballe depuis le début du voyage, 1L de chaque pour 3 ça devrait aller en regardant la nuit tomber. C’est bô 

On avisera demain en fonction de l’état de Seb, sinon ça sera pickup. On pense aux copains sûrement à Merzouga et sûrement inquiets, mais impossible de leur donner des news on ne capte aucun réseau dans le coin.

Dans la nuit, j’entends une mob passer. Les deux marocains s’arrêtent pour savoir si tout va bien pour nous. Ils me confirment que la piste est bonne après, sauf un peu de sable (oh tiens !) avant la prochaine ville, mais ensuite bitume jusqu’à Merzouga.

14 Octobre:

Le lendemain matin, pendant qu’on préparait le café, les 2 marocains sont repassés pour discuter, savoir ce qu’on avait prévu de faire, etc. De braves gars On s’est pris en photo avec eux, tous ensemble avec l’appareil de Nabil.

L’épaule de Seb va mieux, il peut tenir son guidon donc on choisit de reprendre la route vers Merzouga. En attendant, café !

Je poste une photo de mon réchaud compact, car c’est la seule fois qu’il a servi

Et ça, ce sont les morceaux de sucre de Nabil, réduits en cocaïne dans le transport.

On découvre mieux les paysages qui nous entourent, vu qu’hier il faisait nuit à notre arrivée.

On suit la piste. Un raid a lieu ce matin-là dans les parages, les participants viennent dans l’autre sens alors mef’ ! Double mef’ car la piste est joueuse, avec des bancs de sable planqués derrière les butes roulantes. Si tu déboules un peu trop vite sur la bute, ça doit faire tout drôle.

Après un arrêt ptit déj’ rapide dans une auberge, énième oued à traverser. Un marocain nous ouvre la voie, par des petits chemins larges d’au moins pfffiiouuuu 10cm, la taille de son pneu arrière. Mais ce coup-ci il prévient: “je zigzague mais c’est pour passer là où le sable est bien dur, suivez ma trace”. Bien dur, bien dur, pour ta chiotte de 30kg peut-être mais bizarrement quand j’arrive dessus j’ai pas le même feeling ! Il nous fait passer au-travers des clôtures barbelés, assez hautes pour qu’on passe en-dessous, mais pas assez pour le Gwenn Ha Du de Seb, qui arrache carrément le barbelé

Nous voilà Will et moi à jouer les acrobates pour passer en tenant le barbelé sans y laisser de la viande dessus.

Ça passe, et l’embrayage tient toujours. La piste devient réellement roulante, mais ça part dans tous les sens et on se retrouve séparés, d’un côté Nabil et moi, de l’autre Seb et William avec le guide. Finalement, le guide les a lâché très tôt dès la sortie de l’oued, en réclamant quelques centaines de dirhams bien sûr, donc ils se sont retrouvés livrés à eux-même, sans trace, sans GPS, sans démonte-pneus, mais ensemble pour une fois 

On attend 10 bonnes minutes mais pas de signe des deux perdus. Ils sont peut-être devant nous avec le guide, via une autre piste parallèle, donc dans le doute on repart. Et on repart à un bon rythme, le Nabil a flairé Merzouga à 50km droit devant avec un lit et la bouffe qui l’attendent !! On croise de plus en plus de motos, quads, 4×4 et buggy du raid, on roule dans la poussière en permanence à bonne allure. Si bien qu’on dépasse le premier village sans s’en rendre compte au risque que Seb et Will nous y attendent. On arrive directement au dernier village avant le bitume. Un petit numéro de cirque avec les enfants du quartier, interprété par Nabil, et on enquille les 30km de goudron nous séparant de ça:

  Merzouga, enfin !!! J’adore cette ville, ces dunes. Il est 13h. Direction Ali El Cojo que je connais depuis 2014, et on surprend Karim au lit, Papy aux chiottes, et on réveille LilYoda, surpris qu’on soit déjà le 14 octobre. Quel bonheur de les retrouver, mine de rien ils nous avaient manqué ces cons-là

Pas de traces de Seb et Will, mais Ali nous indique qu’ils sont en route, dans Merzouga. Je pars avec Karim les récupérer, sans trop de mal. Tout va bien pour eux, exceptée la Yam qui maintenant démarre à la poussette.

Repos pour tout le monde. Puis le moment tant attendu: “balade” ou devrais-je dire défouloir et “grosse bourre” en quad pour Karim, William, Seb et moi, et buggy pour LilYoda et Nabil. Papy reste aux chiottes, forcément.

Un grand moment que je conseille à tout le monde, l’occasion de se lâcher franco et le seul moyen de profiter des dunes sans se faire mal, enfin presque… ;)

Je laisse LilYoda raconter la suite, on a plein de photos et videos à suivre

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