Sans plus attendre, la dernière vraie journée “au Maroc”
Au milieu de ma nuit de 22 heures, j’ai émergé quelques fois. Vers 11h, je crois Akim qui me dit qu’on a repéré les motards perdus du côté d’Ouzina. Bon, ben OK, je vais me recoucher
Je fais surface à un moment, et je suis surpris de voir Maitre Cervidé, avec un air de quelqu’un qui a vu le démon. Qui l’a regardé droit dans les yeux. Tout en lui arrachant les glaouis.
Le même regard dans les yeux des 3 autres, qui me font regretter amèrement de ne pas les avoir suivis dans le désert.
Puis ensuite je me rappelle MES dernières 24 heures, et je m’imagine la même chose sur une moto dans le fech-fech. OK, donc je regrette de pas avoir vécu ceux que eux ont vécu, mais pas du tout ce que moi j’aurais vécu si j’avais tenté l’aventure.
Depuis hier sont arrivés des hordes d’ibères habillés comme des clowns sur lesquels Mr Touratech se serait copieusement paluché. Ils font un raid, et ont choisi notre auberge pour leur pause. Bon, ils ont amené des médecins avec eux. Des femmes médecins. Rien que les regarder, batifoler autour de la piscine, et déjà je me sens mieux.
Dans le lot, un gars a décidé de faire le Raid avec une Super Ténéré 750. Une fois l’hilarité de notre groupe dissipée, on va jeter un œil sur sa brèle, et là, un truc me saute aux yeux. Pourquoi une pièce sur sa bécane ne ressemble pas à celle sur la bécane de loulou35?
Pourquoi la biellette d’embrayage n’est pas du tout dans la même position sur sa bécane et sur celle de loulou? Pourquoi sur celle de loulou elle est beaucoup plus en arrière, et tire à mort sur le câble. Au point que depuis le troisième jour, on sait que la SuperT n’a aucune garde à l’embrayage, sans qu’on sache pourquoi…
Inspection attentive, tiens, un circlips. Donc ça se règle ce truc? Akim nous dit “oui, suffit de prendre une pince à circlips, tiens”. ‘tain c’est la caverne d’ali baba la sacoche droite d’Akim. On sort le circlips, et oh, tiens, cette saleté de biellette était déposée dans son axe avec un cran de décalage. Depuis le départ. Depuis que Yamaha a révisé cette brèle et a certifié “non, aucun problème, elle est bonne à partir faire un raid”
Franchement, personne dans l’équipe n’était mécano. Je ne comprends pas qu’un mécano professionnel n’ai pas vérifié une garde de levier d’embrayage. Je ne comprends pas qu’en voyant qu’il n’y avait aucune garde, il n’ait pas regardé cette saleté de biellette. Surtout en sachant que le client ne va pas chercher le pain avec, mais part sur un autre continent faire 3000 kilomètres dans un environnement potentiellement hostile.
Je propose à Loulou d’aller tester sa mob’, et il me dit qu’elle démarre plus, que la batterie est morte. La batterie neuve. Il me dit que d’ailleurs ils avaient aussi changé le “redresseur régulateur”, et me montre un boîtier tout neuf. Il m’a même montré la facture.
Et je connais bien ce boîtier. Car j’ai le même sur ma moto, c’est le boîtier d’allumage CDI. Rien à voir avec la charge de la batterie.
Loulou, je maintiens mon offre faite sur le bateau du retour. Si tu veux une lettre détaillant toute les irrégularités qu’on a observé sur ta moto au cours du voyage, tu n’as qu’un mot à dire, et je l’envoie directement à ton concess’ avec copie à Yamaha France.
OK, on a une moto qui embraye mais qui démarre plus, pas de souci. D’ailleurs la mob de Zoom, par solidarité, a le même symptôme. Suuuper.
Et si on allait faire autre chose, genre les cons dans les dunes? Ils ont tous une demi-molle en regardant les quads. Moi le quad, ça me fait pas vibrer, mais j’entend un mot magique: “Buggy”
Wait, tu veux dire qu’on peut aller faire le couillon dans les dunes, dans un truc à 4 roues motrices avec un couple d’enfer, tout en gardant le vent dans les yeux?
Bil n’est pas encore remis de ses aventures, il propose qu’on partage le buggy.
Au moment de monter dans le quad, il dit une petite phrase, comme ça.
on est plus près de Bakel ou Touba ici?
Je réponds sans hésitation
C’est kif kif
On se regarde, façon “cow-boys dans la grand rue, à 20 pieds l’un de l’autre. C’est au premier qui dégaine”. Je lâche, plus vite que l’éclair
OK, c’est moi Moltès, toi c’est Reggio
Il reconnaît sa défaite
OK
Pour les incultes ignares ne connaissant pas le dialogue, une fois que vous vous serez fouettés avec une botte d’asperge trop cuite, en pénitence, regardez la scène de référence:
S’ensuit une séance de rodéo dans les dunes durant laquelle je pense ne pas avoir arrêté de sourire (ni de ban… ah on me dit qu’il y a des enfants qui lisent? ok). Ce truc, est juste jouissif. Tu vois une dune. Toi t’es en bas, arrêté, avec toutes les lois de la mécanique des fluides contre toi.
Mais le buggy, la mécanique des fluides, il l’enfile a sec avec une poignée de verre pilé. Comme les dunes!
Bil a tenté le buggy, non sans rejouer la mythique scène du film, en hurlant “On the Road again”, au moment de partir, après m’avoir demandé si j’ai bien attaché ma ceinture. Mais finalement, il n’a pas aimé le buggy. Trop le vertige, au moment où l’avant du buggy plonge après le sommet de la dune, sans trop voir ce qu’il y a derrière 
Pas grave, Reggio, je reprends le volant!
Pour les autres, ce que j’en ai retenu, un quad 2 roues motrices, contrairement à notre buggy, ça a besoin d’inertie pour monter. Si tu tente de prendre de la vitesse en côte, ça creuse instantanément des roues arrières, et walou, ça monte pas.
Ce qui a donné des scènes amusantes d’aller et retour au fond des dunes pour prendre de l’élan. Surtout de la part de loulou, qui a décidé que pour une fois qu’il avait un embrayage qui marche, autant le fumer le plus vite possible.
A tel point que lorsque Maître Cervidé s’est vautré, et que Loulou est venu l’aider, le guide, sans réfléchir a commencé à pourrir Loulou, qui n’y était pour rien. L’habitude 
On rentre, on mate un peu les toubibs hispaniques, on bouffe, et on va ronfler. Demain, c’est fini, faut remonter vers Nador. Et vu que ni la bécane de Loulou ni celle de William ne démarre sans être poussées, ça va se faire par la route. Sans compter que Papy est toujours dans une relation fusionnelle avec ses gogues.
Et juste pour la route, la scène mythique: