Au réveil du 9 Octobre, mon premier réflexe est de m’inspecter l’épiderme, et mesurer précisément la propagation des pustules, pour déterminer scientifiquement dans combien de temps ma transformation en reptilien sera achevée. Étonnamment, les plaques ne m’ont pas encore entièrement recouvert.


Nous collectons tous les débris malades du groupe, et partons à l’assaut de l’Atlas, le grand, le vrai, le haut!

Rapidement, la piste, qui aboutit de l’autre côté de l’Atlas dans le village de Agoudal, grimpe très très haut



Il a du neiger copieusement durant l’hiver 2018. Car même en Octobre, avec tout l’été derrière nous, il reste ici encore beaucoup de végétation.
On ne croise pas de voitures. Les seuls autochtones rencontrés ont opté pour un système plus récalcitrant, mais plus fiable.

L’énorme avantage de véhicules à injection, tels le fer à repasser ou les motos qui sont déjà loin devant nous, c’est de pouvoir toujours fonctionner quelle que soit l’altitude. Il suffit d’appuyer un peu plus sur la pédale, ou d’essorer un peu plus la poignée en moto.
Ce passage a été particulièrement compliqué pour ma vieille XT à carburateur, lors du passage dans le sens Nord -> Sud en 2015. Là, à force d’insister, nous arrivons facilement au col à plus de 2900 mètres d’altitude.

-On est en haute montagne. Les arbres les plus hauts sont juste devant ta godasse, Ziton!
Les motos sont déjà loint devant. Nous prenons donc notre temps. Une fois la zone copieusement polluée et photographiée, nous entamons la redescente vers Agoudal, poursuivis par une Zora qui se lâche sur l’accélérateur.

Dès que nous redescendons un peu en altitude, nous retrouvons des surfaces cultivées, qui créent des jeux de couleurs avec la montagne, toujours proche.
Mine de rien, nous avons passé Agoudal, et arrivons a proximité de l’étape du soir, à Imilchil.
– on n’a pas eu de plan galère aujourd’hui! s’étonne Némo
– c’est vrai. une journée calme, sans impré…
– bidibidip! s’exclame mon téléphone, qui a retrouvé du signal, et me transmet un SMS des motards:
Salut c'est Akim. On a roulé tellement vite que l'étape était trop courte. Donc au lieu d'aller à Imilchil, on a décidés d'enchainer sur la trace du lendemain. On sait pas encore où dormir, mais bon, on va trouver. Prenez à droite au panneau qui va à Imilchil!
– ah ben ça vaut bien le coup de venir jusqu’ici pour finalement ne pas aller à Imilchil! râle Papy, qui sommeillait jusque là à l’arrière du fer à repasser.

Nous repartons donc sur une piste bien roulante, au milieu de décors ridiculement beaux

Nous arrivons dans une vallée, où les arbres semblent avoir été coupés par les habitants, mais selon une logique qui nous échappe. Cela leur donne des silhouettes étranges, presque entièrement privés de branches et de feuilles.

Même lorsque la végétation est absente, la roche nous présente des paysages parmi les plus beaux du Maroc
Environ 60 kilomètres après l’embranchement d’Imilchil, nous traversons le village d’Agoudim, lorsqu’on reçoit un SMS envoyé par les motards qui nous dit:
c'est la lose, aucune auberge, hôtel, ou endroit ou dormir, il faut retourner à Imilchil!
Énervés, nous sortons du fer à repasser pour fumer une clope, et prévenir les ZZ Top qu’on va refaire les 60 derniers kilomètres à l’envers, pour aller dormir à Imilchil, puis les faire une 3ème fois demain matin pour repartir dans la bonne direction. Nous sommes donc en train de râler lorsqu’un autochtone descendu de sa maison nous aborde:
– salut étranger. tu cherches un endroit où dormir?
– euh, ah, ben oui, tiens… Tu as quelque chose à nous proposer?
– oui, j’ai une auberge juste au dessus, à 30 mètres d’ici

On attend donc le retour des motards qui nous appellent finalement alors qu’ils sont à 1 kilomètre, de l’autre côté de Agoudim
– c’est bon, pas de panique, on a trouvé une auberge!
– ben nous aussi Akim, on est à côté, là
– non mais la notre est mieux, venez nous rejoindre!
Nous reprenons donc la route, pour 1 kilomètre, et alors qu’on est à environ 50 mètres, Akim, Basti et JK2R ressortent de l’auberge. Notre téléphone sonne, Akim ne nous a pas encore vu, et nous appelle:
– non en fait, ici c’est nul, il n’y a qu’une chambre commune pour tout le monde. Elle est loin l’auberge que vous aviez trouvé?
Nous sommes encore au delà de la portée de la voix, et il est parfois difficile de communiquer de loin par signes, mais je pense que Némo à réussi à passer le message à son père:
Nous refaisons donc le trajet jusqu’à la première auberge, où nous nous installons pour la nuit. L’hôte nous explique qu’on a de la chance, car il rentre à peine d’un trek en montagne dans l’Atlas de 6 jours, où il a accompagné des randonneurs européens.
Une fois posés, les zombies se connectent au monde civilisé via leur portable, en attendant leur tour pour la douche, ou la bouffe.
L’auberge est excellente, une bonne adresse dans cette région: Auberge Ouabas à Agoudim
Dans chacune des 2 chambres dortoir, il y a des ronfleurs. JK2R, très sensible au ronflement, passera la soirée sur la banquette à regarder des films. Il y sera rejoint rapidement par Némo, à laquelle les ronflements à 120db d’Akim ont ôté tout espoir d’un sommeil réparateur.
