Pourquoi ce titre? Car l’islandais, c’est pas toujours facile à mémoriser. Pour preuve, voilà une carte islandaise. Je vous mets au défi de mémoriser plusieurs lieux, et me les ressortir dans 2 heures…
Il y a quelque mois, un ami m’a passé sa carte et son roadbook de l’Islande, il a noté les points où il FAUT aller. Et pour se souvenir du plus bel endroit où aller voir les icebergs, il m’a dit
C’est simple, pour s’en souvenir, mémorise “J’en**** Larson”!
Vous n’imaginez pas à quel point c’est difficile de ne pas répéter ça à voix haute, avec deux gamins dans la voiture, quand c’est le truc que tu as mémorisé au cours des 3 derniers mois. Surtout quand le vrai nom c’est:
Le Jökulsárlón c’est pas loin en voiture, mais surtout, ce n’est qu’à 1500m à pied de notre campement. On est des warriors, ou bien?
Les gamins nous bassinent depuis hier soir à coup de “c’est quand qu’on va voir les icebergs?”, donc ils sont plutôt heureux de partir à la chasse aux icebergs. On range tout le bivouac dans la voiture, et on part à pied.
On a donc pu voir le J’en**** Larson! Jökulsárlón sauvage, les gamins sont aller pécher leur iceberg, pendant que moi je me demandais si ça aurait un bon goût dans un verre de pastis
D’ailleurs, ils font même un bruit de moteur, ces canards. Une observation un peu pointue nous fait remarquer que l’autre côté du Jökulsárlón a l’air beaucoup plus actif que le notre. On y aperçoit, très loin, des hordes de zodiacs, bateaux, etc. Cela nous surprend, mais nous ne comprendrons que dans 1h
En rentrant à la voiture, on a un vent constant, qui ne change pas trop de direction, je tente de faire décoller le cerf-volant, avec comme secret espoir d’y accrocher la GoPro, et prendre une photo d’altitude de la zone de bivouac. Sans succès, pas moyen de lui faire prendre plus de 30m d’altitude
En roulant vers l’ouest, le GPS m’affiche le point “officiel” du Jökulsárlón, on voit un panneau approcher, on se dit que même si on en a pris plein la vue ce matin, on va quand même aller voir le point de vue officiel.
Et là, c’est le choc. Un Disneyland des glaces. Un parking de la taille de plusieurs terrains de foot, avec des camping cars qui ont passé la nuit ici. Des cars de touristes à la pelle. Les touristes qui vont ensuite s’entasser dans les zodiacs ou bateaux pour aller prendre leur photo d’Iceberg, unique mais identique à celle de tous les autres touristes
On reprend la route, et quelques kilomètres plus loin, un panneau le long de la route nous pointe vers le “Fjallsárlón Iceberg Lagoon”. Avec un nom comme ça, je plante un grand coup de frein, et enquille un bout de piste de 200 mètres…
…et on arrive sur un parking immense, couvert de Duster de location, de camping cars, de camions 4×4 aménagés, de cars de touristes
200 mètres à pied, et on va observer le lac de fonte, somme toute identique à celui observé hier soir avec les Kayaks. Sauf que là, ce sont des Zodiac, et qu’on peut assister à de véritables caravanes de touristes, avec combinaison fluo pour survivre dans l’eau froide.
Les gars sont ensuite entassés comme du bétail dans les zodiacs, qui vont ensuite poussivement amener ces touristes entre les Icebergs, puis près du mur de glace, au point de rupture du glacier.
Quand je dis “entassés”, je plaisante à peine. Zoomons sur la photo précédente:
Par curiosité, je vais voir le tarif de la ballade. 62 euros par adulte, 31 par enfant. Pour une virée de 45 minutes. Un petit calcul nous montre que chaque Zodiac rapporte environ 1000 euros de l’heure. Ils ont trois zodiacs, et tournent 10 heures par jour…
On repart, à moitié surpris, à moitié déçus, sans savoir qu’on vient de voir la nouvelle Islande. Celle du tourisme de masse. Une présence maléfique a pris le contrôle de ce pays de roches et de volcans.
On s’arrête pour bouffer au bout d’une piste. Apparemment il y a des cavernes de glaces à observer au bout d’un sentier. On part dans un paysage rappelant la Conté.
Au bout de 10 minutes, la pluie arrive. Ma femme et moi enfilons les Poncho “Décathlon”. Quand les mômes nous voient avec nos ponchos, ces petits bâtards s’enfuient en hurlant “des Détraqueurs!”
Bon, malgré la pluie, la vue est assez sympa.
Les échelles sont assez difficiles à estimer, mais croyez moi, c’est pas de la petite grotte d’amateur. On a estimé que l’ouverture fait dans les 10 mètres de large sur 5 ou 6 de haut…
Tout au long du sentier, des panneaux officiels nous rappellent qu’on ne devrait pas être là sans un guide officiel, un piolet, un casque, des crampons… Au retour, on croise des caravanes de touristes déguisés en alpinistes, guidés par un islandais qui les emmène sur le glacier. Ma femme regarde le tarif par Internet. 90€ par tête pour 1h de rando. C’est des caravanes de 10 randonneurs chaque fois. Je vous laisse faire le calcul…
J’ai quand même demandé à ma moitié si elle pensait que ça valait le coup. Sa réponse a été des plus claires…
On prend les photos, et au retour, la pluie s’achève. Nos hobbits partent en courant arpenter les sentiers de la Conté, poursuivis par les deux détraqueurs adultes.
On arrive le soir au parc du Skaftafell. L’accueil est très Islandais:
- un panneau te disant que ta plaque d’immatriculation est prise en photo, et qu’au bout de 10 minutes, c’est payant
- aucune mention du tarif. Après tout, on s’en fout, t’es un touriste, t’as qu’à payer
- le camping est (bien sûr) dans la zone payante, ou alors il faut marcher 1km avec ta tente
- le camping vend des tickets pour toutes les commodités (douches, machines à laver, etc…) que tu dois acheter en même temps que ton emplacement. Ces tickets ne sont ni échangeables ni remboursables.
Ca commence à faire un peu beaucoup pour la journée, ma femme et moi sommes un peu écœurés de cette exploitation même pas déguisée de la ressource touristique.
On se casse avant les 10 minutes. On revient en arrière de quelques kilomètres pour s’arrêter dans un autre camping bien plus sympa. Le 4×4 monte sans souci les ornières de boue, ce qui nous permet de prendre l’emplacement le plus haut du camping.
A la station service du coin, j’ai trouvé du WD40 (en Islandais, ça se dit WD4Ø 
), du coup les gamins font du vélo dans la bouillasse. J’ai aussi réussi à trouver de la bière avec plus de 2% d’alcool, on a un beau coucher de soleil, j’ai deux brûleurs qui tournent en parallèle pour faire la bouffe du soir. C’est quand même mieux comme çà
Une fois tout le monde couché, je vais laver et faire sécher le mètre cube de linge sale accumulé au cours des 2 dernières semaines.
En sortant, vers 1h du matin, je regarde le ciel. Mon appli dit qu’il va y avoir des aurores boréales, mais le ciel est couvert de nuages. Quel con ce Larson! Qu’il aille se faire en*****, tiens!
